Les mécanismes hormonaux et les fonctions du stress

Chacune des fonctions du stress est soutenue par une cascade d'hormones dans le corps
Ce que vous venez d’observer dans votre propre vécu illustre les trois grandes fonctions du stress, décrites dans The Upside of Stress par Kelly McGonigal. Contrairement aux idées reçues, le stress n’est pas uniquement un problème à fuir : il nous aide à faire face, à créer du lien, et à apprendre.
1. Le stress vous donne de l’énergie pour relever les défis
Lorsque votre cerveau perçoit un défi, le système nerveux sympathique s’active :
· Votre foie libère du sucre et des graisses dans le sang pour fournir du carburant.
· Votre respiration s’accélère, votre cœur pompe plus fort, vos muscles se préparent à l’action.
· L’adrénaline, le cortisol et la dopamine augmentent votre vigilance, votre concentration et votre motivation.
Ce cocktail vous donne une capacité d’action amplifiée : on parle souvent de « montée d’adrénaline » dans des situations extrêmes. Mais cette énergie peut aussi se manifester de façon plus subtile.
Quand la situation est stressante sans être menaçante, le corps entre dans ce qu’on appelle un challenge response. Ce n’est pas la panique, mais l’engagement. Vous vous sentez mobilisé, concentré, parfois même porté par un sentiment de flow.
2. Le stress vous pousse à vous connecter aux autres
Le stress peut renforcer votre besoin de lien social. Pendant une période de stress, le cerveau libère de l’ocytocine, souvent surnommée « l’hormone de l’amour », mais qui joue un rôle bien plus profond :
· Elle vous pousse à rechercher le contact social (envie d’appeler quelqu’un, de se confier, de se rassembler).
· Elle renforce votre empathie et votre intuition sociale : vous êtes plus attentif à ce que pensent et ressentent les autres.
· Elle vous rend plus courageux, car elle atténue la peur et vous pousse à protéger ceux que vous aimez.
· Elle a même un effet protecteur sur votre cœur, en favorisant la réparation des cellules cardiaques.
Une étude a montré que chez des rats stressés, le stress pouvait même protéger le cœur – mais uniquement si l’ocytocine était libérée. Si on bloque l’ocytocine, le stress n’a plus cet effet protecteur. Cela montre que le besoin de lien social est intégré dans la réponse au stress.
Ce phénomène est appelé "tend and befriend" – « prendre soin et se rapprocher ». Contrairement au réflexe bien connu "fight or flight", cette réponse oriente vers la solidarité, la protection et l’entraide.
3. Le stress vous aide à apprendre et à grandir
Une fois la situation terminée, un autre processus démarre : la phase de récupération. Contrairement à ce qu’on pense, le stress ne s’arrête pas d’un coup. Le corps et le cerveau entrent dans une phase de transformation :
· Le cortisol et l’ocytocine apaisent l’inflammation.
· La DHEA (hormone présente naturellement dans notre organisme impliqué dans la production de la testostérone et des œstrogènes) et d’autres facteurs stimulent la neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à apprendre de l’expérience.
· Le cerveau continue de rejouer l’événement, d’analyser, de comprendre ce qui s’est passé.
Pendant cette période, vous pouvez ressentir un mélange d’émotions : peur, tristesse, colère, culpabilité… mais aussi gratitude, joie ou soulagement. Ces émotions sont essentielles : elles vous aident à donner du sens à ce que vous avez vécu.
Ce processus d’intégration est ce qu'on appelle l'inoculation de stress: un stress bien géré peut vous rendre plus résilient pour l’avenir, comme une forme de vaccination psychologique. C’est pour cette raison que :
· La NASA ou les équipes d’urgences s’entraînent à vivre des situations stressantes avant de les vivre vraiment.
· On fait pratiquer des évacuations d’urgence aux enfants, ou des simulations de conflit en entreprise.
