Dans le précédent article j'avais pris l'exemple du smartphone pour illustrer comment la société de consommation joue avec nos sensibilités et nos émotions pour contourner la désensibilisation.
C'est le même mécanisme pour les modes vestimentaires, technologiques, de voitures, les "spots" (destination de vacances, restos, bas, pop up store...), la vidéo virale à partager, les hashtags tendances...
En nous exposant aussi fréquemment à des "nouveautés", nous modifions également notre seuil de sensibilité.
Comme il est désormais possible d'avoir toujours plus et mieux, nous recherchons également à ressentir toujours plus et mieux.
C'est le mécanisme de l'accoutumance, et ce processus peut mener à l'addiction.
Notre rythme a également changé: toujours plus, mieux, et plus vite!
Mais quand le rythme n'est pas naturel, le corps compense en produisant de l'énergie en plus.
D'ailleurs, on me dit dans l'oreillette que cette énergie.... on la connait aussi sous le nom de (roulement de tambour .... !!! ) eh oui ! le stress !!!
Nous sommes acteurs/actrices de la distorsion du temps.
On la ressent en accéléré dans les moments où on a l'impression qu'il n'y a pas assez de temps. A force d'activités, d'actions, et de mouvements en avant, de ces moments où on essaie au maximum "d'avancer" sur nos tâches quotidiennes.
On organise, on planifie, on anticipe, on vit à l'avance le présent.
Et lorsque vient le moment d'une pause: le soir, le week-end, les vacances, ...
Sait-on l'accueillir réellement ? Ou est-ce que cette pause est déjà bien remplie? Les loisirs, les activités, les endroits "à visiter", les restos, d'autres obligations ...
"Le temps passe vite quand on s'amuse" ... mais alors quand est-ce qu'il ralentit enfin?
Quand était la dernière fois où vous avez pratiqué ces activités de vieux/vieilles, de gamins, ou de pauvres qui font pourtant le plus grand bien? Le tricot, la sieste, la tisane, le coloriage, dormir tôt, faire son pain, marcher, jardiner ....
:)
Ces activités qui ralentissent le temps mais qui ne rentrent pas dans le planning des personnes "actives".
Et même pire: Est-ce que cela vous est déjà arrivé de ne RIEN faire, juste comme ça, et sans culpabiliser?
Comment réagit on quand le temps ralentit ou s'arrête enfin?
Un article paru dans The Conversation est très intéressant en ce sens.
Il résume une étude dont l'objectif initial était d'étudier l'organisation des cadres pour équilibrer leur vie pro et vie perso.
Devinez ce qui a été finalement découvert dans le discours de ces cadres interrogé.es ?
Je vous invite à prendre le temps de le lire, voici quelques extraits:
"Nous n’avons pas trouvé d’individus qui cherchaient réellement à équilibrer leur travail et leur vie privée.
Au contraire, nous avons de plus en plus pris conscience que ces travailleurs étaient par essence animés par leur désir d’être extrêmement occupés en permanence. Autrement dit, ils étaient prêts à sacrifier leur vie familiale de manière importante."
Certains stimulaient leur corps avec diverses substances, dont le café, l’exercice physique, voire des drogues.
[...] Lorsque la période de travail chargée est soudainement interrompue par un temps d’arrêt ou moment décéléré, par exemple une période de vacances. Ce temps calme est alors vécu comme quelque chose d’indésirable et de dénué de sens, qui provoque l’ennui, voire des états dépressifs.
On est dans une "culture performative, carriériste. Mais au final est-ce que la réussite est vraiment corrélée avec notre bonheur?"
Dans cette vidéo pour Welcome to the Jungle, Albert Moukheiber questionne notre tendance à investir toutes nos ressources dans un seul domaine: La réussite.
Ce qui est "profondément faux, et même inversement proportionnel".
Pour lui, la satisfaction proviendrait plutôt de tout ce qui ne rentre pas dans cette injonction à la réussite comme: la flemme ! (La flemme, la sieste, dormir tôt.... on revient aux mêmes exemples....)
Le bonheur, n'est pas quelque chose qu'on peut viser explicitement.
Comme le sommeil, il ne faut pas chercher à le trouver.
Je vous invite à réfléchir sur cette idée.
La satisfaction ne se trouverait donc nulle part, ni dans une performance, ni dans un jeu, ni dans l'argent, ni dans l'autre; en tout cas, pas si on a pour objectif de la "trouver".
Et s'il s'agissait plutôt de la cueillir ?
"Accueillir le bonheur"
Cela signifie, qu'il serait déjà là.
Qu'il suffit de prendre le temps d'apprécier.
Prendre le temps.
Cueillir ce qui est là.
Et pour boucler la boucle avec ce qui a été écrit plus haut:
Est-ce que cela vous est déjà arrivé de ne RIEN faire, juste comme ça, et sans culpabiliser?
Comment réagit on quand le temps ralentit ou s'arrête enfin?
Est-ce qu'on sait l'accueillir les bras ouverts?
Comentários